Le thème « Défis, pratiques optimales et perspectives dans le domaine du textile et de l’agro-industrie» s’inscrit dans une dynamique de célébration de l’entreprise et de l’industrialisation.
Plus précisément, l’AGOA (African Growth and Opportunity Act) est une loi américaine qui permet aux pays africains éligibles d’exporter sur le marché américain sans droits de douane, ni limitation de quotas.
La Zone Franche Industrielle du Togo est le symbole de l’entreprise exportatrice puisque la production des entreprises agréées au statut de zone franche est destinée à l’exportation. Tel est le principe fondamental qui gouverne la zone franche ; en conséquence, la vente sur le marché local est une dérogation.
La zone franche togolaise est créée en 1989 par une loi ; elle a pour objectifs : la création d’emplois, la transformation des matières premières locales, le transfert de technologie, la croissance des exportations, la lutte contre le chômage et la pauvreté.
Le programme de zone franche doit beaucoup aux organismes américains tels que l’Overseas Private Investment Corporation (OPIC) et l’United States Agency for International Development (USAID) qui lui ont apporté dès les premières heures un soutien déterminant en termes d’appui technique et financier. Il convient de mentionner aussi l’assistance du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et de l’Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel (ONUDI).
Ce programme ambitieux était inspiré par les success stories de Singapour, Hong Kong, Taiwan, Corée du Sud, dont le développement prodigieux et rapide force l’admiration et le respect. Voilà comment le Togo a opté pour l’industrialisation et le développement par la zone franche.
A ce jour, la zone franche compte 60 entreprises en activité, dans une typologie variée à savoir l’industrie agro-alimentaire, le textile et l’habillement, la plasturgie, l’industrie mécanique, l’industrie cosmétique, les services, etc. Ces entreprises ont créé plus de 15 000 emplois togolais.
Certaines entreprises de la Zone franche Industrielle du Togo exportent déjà sur le marché américain.
Dans le secteur agro-alimentaire, on peut citer la société Agbanka Karité Alaffia, située à Sokodé ; elle transforme le karité local en beurre de karité. Il faut citer aussi l’entreprise Cajou Espoir à Tchamba et Blitta spécialisée dans la collecte et la transformation de noix de cajou pour l’exportation. Ces entreprises ont en commun leur situation géographique à proximité de leurs matières premières. Elles font travailler la main-d’œuvre locale, celle de l’intérieur du pays. C’est cette même force de travail qui donne de la valeur ajoutée à nos produits agricoles.
Il convient de mentionner aussi des sociétés comme Pro Natura West Africa qui fait du traitement d’ananas biologique et autres fruits tropicaux à Assahoun, Safleg dont l’activité est la production de fruits déshydratés, Seedtogo, une unité de transformation semi-industrielle de sésame…
Le défi majeur que rencontrent ces sociétés opérant dans le secteur agro-alimentaire, c’est le détournement de la production par la concurrence. En effet, certaines de ces entreprises assurent la promotion des paysans en finançant les planteurs à travers des fonds de développement. Mais une fois la production faite, des prix plus intéressants viennent s’en accaparer au détriment des efforts consentis en amont, ne laissant qu’une part congrue aux promoteurs des paysans… Même en l’existence de contrats liant les producteurs aux entreprises, quand vient l’argent frais, ces contrats sont violés. La concurrence vient de partout car elle est mondiale…
On peut alors envisager une taxe qui décourage les exportations comme l’a fait la Côte d’Ivoire pour protéger l’industrie locale…
Une autre préoccupation est celle des formalités douanières et administratives jugées lentes et longues. Elles ont lieu à chaque expédition ainsi que les contrôles phytosanitaires.
Il convient d’envisager la simplification et l’accélération de ces procédures surtout lorsque l’entreprise est certifiée dans le domaine agro-alimentaire et respecte des normes du secteur. La traçabilité est aussi garantie.
S’agissant des bonnes pratiques, la formation des planteurs en matière de gestion des exploitations, de récolte et de stations de conditionnement est plus qu’une exigence. C’est à travers un tel canal qu’on peut satisfaire les exigences à l’exportation et les normes d’exportation vers les Etats-Unis tels que appliquées par la FDA (Administration des Etats-Unis chargées des produits alimentaires et pharmaceutiques). Les normes sont importantes ; ainsi les exigences de la loi américaine font que les fabricants et distributeurs doivent prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité sanitaire et l’hygiène de leurs produits alimentaires. La FDA recommande fortement que les planteurs de fruits et légumes produisant des denrées destinées au marché américain suivent certaines pratiques pour éviter la contamination des produits par des organismes et substances toxiques pouvant causer des maladies.
En ce qui concerne le secteur textile, les activités essentielles qui s’y déroulent sont l’égrenage et la filature. Il s’agit là d’un secteur très sensible et les défis rencontrés sont :
– La baisse drastique de la production du coton en Afrique subsaharienne ;
– Le vieillissement des plantations ;
– La chute des cours de l’or blanc ;
Pour ces raisons, des entreprises ont fermé.
L’Accord sur le textile redonne de l’espoir au moment où s’opèrent la régénérescence des plantations et la transformation des structures impliquées dans la nouvelle dynamique.
L’organisation du 16èmeforum AGOA au Togo offre particulièrement aux opérateurs économiques une triple opportunité.
En premier lieu, les entreprises doivent y voir une opportunité de diversification de leurs activités. En ce sens, l’AGOA est une plate forme de rencontres et d’échanges avec les opérateurs économiques américains et africains pour la naissance de nouvelles aventures et de nouvelles activités tournées vers le marché américain.
En second lieu, AGOA offre aux opérateurs économiques togolais une opportunité de conquête de nouveaux horizons à travers des partenariats winwin, noués en terre togolaise entre investisseurs ayant pris part à ce 16ème forum. Dans cette dynamique, le B to B devient un précieux instrument de développement des affaires, et de préparation de nouvelles joint ventures. La recherche d’agents ou de comptoirs pour faciliter les exportations participe à l’élan de pénétration de nouveaux marchés.
En troisième lieu, AGOA est une opportunité de repositionnement de l’industrie togolaise exportatrice, symbolisée par la Zone Franche. Dans cette dynamique, le forum AGOA vient resserrer les liens entre le secteur public et le secteur privé, condamnés à vivre ensemble pour le développement économique de notre pays et un meilleur devenir de notre nation.
Ainsi, il est déjà mis en marche le renforcement du Centre de ressources AGOA logé au Ministère du commerce et opérant comme un guichet unique dont l’objectif fondamental est la facilitation et la simplification des formalités aux opérateurs économiques. Ce centre a aussi la vocation de baliser la voie pour la création d’une Agence de Promotion des Exportations (APE) dans une dynamique d’assistance multiforme à l’entrepreneur.
En définitive, le 16ème forum AGOA organisé au Togo du 8 au 10 août 2017 à l’hôtel Radisson Blu 2Février, constitue à n’en point douter, un rendez-vous du donner et du recevoir. Il est essentiellement question d’être très sensible et prêt pour capturer les opportunités qui s’offrent, avoir la capacité de transcender les difficultés afin de les transformer en opportunités. Ainsi, la foire exposition organisée pendant l’événement, les rencontres B to B, les side events ainsi que les visites d’entreprises sont des outils et des moments non négligeables pour que chacun puisse tirer profit de cette rencontre ô combien importante pour des lendemains meilleurs./.
Anani Elana SITTI
Directeur Exécutif chez ASOZOF- Association des Sociétés de Zone Franche.