Le gouvernement marque sa volonté de poser les fondements durables de la transformation structurelle de l’économie pour permettre au Togo de cheminer progressivement vers l’émergence. Il est conscient que la transformation structurelle de l’économie reste un défi important si le pays veut améliorer la productivité et la compétitivité de l’économie. A cet effet, il retient une démarche fondée sur la promotion des pôles de croissance19 et le développement des filières porteuses qui sont des points d’ancrage importants pour accélérer le rythme de croissance, créer massivement des emplois et réduire la pauvreté.
Pour ce faire, il entend exploiter et valoriser l’énorme potentiel qui existe dans les secteurs de l’agriculture et de l’industrie manufacturière et minière.
Sa démarche dans le secteur agricole et industriel sera orientée vers la mise en place d’une part, d’un pôle de transformation agricole axée sur la productivité pour atteindre la sécurité alimentaire et réduire significativement le déficit de la balance commerciale agricole, et d’autre part, d’un pôle manufacturier et d’industries extractives en lien avec le développement d’un pôle logistique d’excellence. Le Togo amorcera son industrialisation à travers le renforcement des PME/PMI et la création de Zones Economiques Spéciales (ZES). La capacité du Togo à valoriser pleinement ces secteurs dans les meilleurs délais déterminera en grande partie le rythme futur de croissance de son économie qui, selon l’hypothèse retenue, pourrait atteindre un taux moyen de 6,6% sur la période 2018-2022.
Pour atteindre cet objectif, des réformes et synergies d’actions sont nécessaires, notamment les incitations à l’entrepreneuriat et au développement des entreprises afin de favoriser la naissance d’une classe d’entrepreneurs compétitifs sur les marchés national, régional et international.
L’impact attendu de la mise en œuvre de cet axe est le suivant : « la pauvreté est réduite à travers l’accélération de la création de la richesse et une meilleure redistribution des fruits de la croissance ainsi que la création d’emplois décents ». Pour atteindre cet impact, les efforts se concentreront sur la conjugaison des principaux effets ci-après : (i) des chaines de valeurs des filières porteuses sont développées, des agropoles et des pôles de compétitivité pour la transformation agricole sont mis en place et des emplois agricoles sont massivement créés; (ii) les aménagements hydrauliques sont développés et contribuent à la production agricole et énergétique ; (iii) l’industrie togolaise est développée, respectueuse de l’environnement, intégrée au reste de l’économie et créatrice d’emplois ; (iv) les entreprises artisanales sont compétitives, créatrices de richesses et d’emplois et participent au développement industriel et touristique ; et (v) l’énergie est développée et contribue efficacement à l’amélioration de la productivité agricole, industrielle et minière.
Effet attendu 1 : Des chaines de valeurs des filières porteuses sont développées, des agropoles et des pôles de compétitivité pour la transformation agricole sont mis en place et des emplois agricoles sont massivement créés
Le gouvernement est convaincu qu’il faut promouvoir une agriculture orientée « agrobusiness » permettant d’attirer les investissements privés, d’accroître le rendement, de professionnaliser les acteurs, et de créer des milliers d’emplois dans le secteur et les services connexes. Ainsi, le gouvernement s’est doté d’une agence pour la promotion du développement des agropoles dont le rôle est de nouer des partenariats public-privé en s’adossant au Plan National d’Investissement Agricole et de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (PNIASAN) couvrant la période 2017-2026.
De même, la création des Instituts de Formation pour l’Agro-Développement (IFAD) s’inscrit dans la dynamique de professionnalisation et de compétitivité. Par ailleurs, il sera mis en place un mécanisme innovant de financement des chaînes de valeur agricoles basé sur le partage des risques et la garantie visant à accroitre l’afflux de capitaux privés dans l’agrobusiness.
L’ambition, d’ici à 2022, est de faire du Togo un pôle de compétitivité pour la transformation agricole ciblée sur la productivité pour atteindre la sécurité alimentaire, améliorer la balance commerciale agricole et augmenter les recettes générées par l’exportation de produits agricoles, notamment les produits transformés.
Il s’agira : (i) d’améliorer la viabilité des systèmes de production alimentaire, la valorisation et la mise en marché des productions agricoles à travers l’amélioration de la qualité des produits tout au long des chaines de valeurs agricoles, et (ii) de mettre en œuvre des pratiques agricoles résilientes qui permettent d’accroître la productivité et la production, contribuant à la préservation des écosystèmes, renforçant les capacités d’adaptation aux changements climatiques, aux phénomènes météorologiques extrêmes, à la sécheresse, aux inondations et à d’autres types de catastrophes et améliorant progressivement la fertilité des sols.
Le gouvernement retient les cibles suivantes : (i) une amélioration de la productivité agricole de l’ordre de 10% par an ; (ii) une amélioration sensible de la balance commerciale agricole de -44 milliards FCFA en 2016 à -5,65 milliards FCFA à l’horizon 2022; (iii) une réduction du taux de pauvreté en milieu rural à moins de 50% en 2022; (iv) une réduction de la proportion des enfants de moins de cinq ans souffrant de la malnutrition aigüe à 3% en 2022.
Pour parvenir à l’atteinte de cet effet, l’accent sera mis sur : (i) le développement des agropoles ;(ii) la mise en place des coopératives de grandes envergures ; (iii) l’appui et la mise en réseau des petits producteurs pour soutenir les agropoles.
Effet attendu 2 : Les aménagements hydrauliques sont développés et contribuent à la production agricole et énergétique
La promotion du développement des chaînes de valeurs dans le domaine agricole s’appuiera sur la maîtrise de l’eau ainsi que l’aménagement, la construction, la réhabilitation des ouvrages hydro-agricoles et des infrastructures de production halieutique. De plus, la gestion durable des bassins hydriques transfrontaliers permettra d’assurer la disponibilité des ressources en eau pour le développement agricole.
En outre, le développement des agropoles doit être soutenu par la réforme foncière et la disponibilité des plans d’urbanisme et d’aménagement du territoire, y compris les schémas directeurs d’aménagement et de gestion des plans d’eaux et les plans de drainage des eaux usées et pluviales.
Cet effet sera réalisé par: (i) la construction et l’entretien des ouvrages de maitrise d’eau; (ii) la mise en place et l’opérationnalisation d’un dispositif de coopération de tous les bassins hydriques transfrontaliers; et (iii) la construction des barrages permettant aux populations d’avoir accès aux produits halieutiques et à l’énergie à moindre coût.
Effet attendu 3 : L’industrie togolaise est développée, respectueuse de l’environnement, intégrée au reste de l’économie et créatrice d’emplois
Le gouvernement considère l’industrie comme un moteur important pour l’accélération du rythme de croissance et la transformation structurelle de l’économie. Sa politique vise dans ce sens à mettre en place un pôle manufacturier, à commencer par le développement d’au moins deux parcs industriels sur la période 2018-2022 et faire du Togo un pôle d’industries extractives en lien avec le développement d’un pôle logistique d’excellence. Ces initiatives seront soutenues par une infrastructure qualité et un système approprié de propriété industrielle. Pour porter cette ambition, le gouvernement entend : (i) réaliser une croissance annuelle moyenne du secteur industriel et manufacturier de l’ordre de 10% par an portée par de nouvelles filières dont le textile et l’habillement ; (ii) attirer de nouveaux investisseurs étrangers avec un niveau des investissements directs étrangers (IDE) de 250 millions de dollars soit 125 milliards FCFA investis sur la période 2018-2022 ; et (iii) faire émerger des « champions nationaux » de l’industrie togolaise.
En ce qui concerne les industries extractives, les cibles retenues à l’horizon 2022 sont les suivantes : (i) au moins 5% des gisements mis en évidence sont mis en valeur ; (ii) au moins 90% des artisans miniers sont organisés et encadrés ; et (iii) 100% des réformes sont mises en œuvre.
L’atteinte de cet effet se fera à travers : (i) la mise en place d’un pôle manufacturier ;(ii) la création des parcs industriels; (iii) le renforcement de l’infrastructure qualité et du système de propriété industrielle; (iv) l’exploitation, la diversification et la valorisation des ressources minières; et (v) l’exploration et l’exploitation de nouveaux sites miniers.
Effet attendu 4 : Les entreprises artisanales sont compétitives, créatrices de richesses et d’emplois et participent au développement industriel et touristique
L’artisanat au Togo est entré dans une nouvelle phase de croissance plus modérée mais solide et structurée. Le gouvernement poursuivra ses efforts dans l’objectif de renforcer les capacités opérationnelles du secteur. Pour développer le secteur, il se fixe pour cible à l’horizon 2022, l’appui à la création de 4200 entreprises artisanales.
La stratégie portera sur : (i) la création et le renforcement des centres de ressources pour l’artisanat au niveau de toutes les Préfectures ; (ii) l’organisation, tous les ans, des foires et salons pour la promotion des produits artisanaux ; (iii) la promotion dans les régions du Togo, des vitrines artisanales évoluant vers des zones d’implantation artisanales à l’instar des zones industrielles; (iv) la professionnalisation des artisans; (v) la mise en place d’un mécanisme de financement adapté au secteur; et (vi) le développement d’un dispositif de protection sociale pour les artisans. L’effet sera réalisé à travers : (i) l’amélioration du cadre institutionnel et organisationnel de promotion des entreprises artisanales ; (ii) le renforcement du système d’apprentissage, de formation et de perfectionnement des artisans ; et (iii) le renforcement du système d’appui à l’artisanat.
Effet attendu 5 : L’énergie est développée et contribue efficacement à l’amélioration de la productivité agricole, industrielle et minière
Le gouvernement s’attachera, à moyen terme, à développer une politique énergétique qui vise à réduire la dépendance en matière d’approvisionnement et à favoriser l’accès des populations à des services énergétiques fiables et modernes et à un coût abordable. Il vise également à promouvoir le mix énergétique à travers le développement d’énergies renouvelables. Il cherchera également à renforcer la coopération internationale en vue de faciliter l’accès aux sciences et technologies de l’énergie propre et l’efficacité énergétique. Par ailleurs, l’investissement privé dans le secteur de l’énergie sera encouragé.
Pour satisfaire les besoins énergétiques des populations et de l’économie, l’ambition du gouvernement est de réduire la dépendance en énergie électrique de 50% en 2015 à 35% à 2022, de porter le taux d’accès à l’électricité au niveau national de 36% en 2016 à 60% en 2022, de réduire le taux de pertes sur le réseau de 16,8% à 10% d’ici 2022 et d’améliorer le rendement de carbonisation de 15% à 25% en 2022.
L’atteinte de l’effet se fera à travers : (i) le renforcement du cadre institutionnel, politique et juridique du secteur de l’énergie; (ii) le renforcement des capacités de production et de distribution de l’énergie électrique; (iii) l’accroissement des capacités de stockage et de distribution des hydrocarbures.